|
|
|
|
|
Une journée chez nous.
05/11/2010 09:53
C'est Madame qui se lève en premier. En quelques minutes elle s'habille, prépare la table du petit-déjeuner, et là arrive le moment le plus important de la journée : elle me sert mes croquettes. Je ne sais pas bien ce qu'elle fait après car en général je suis à partir de cet instant entièrement concentré sur ma gamelle ; mais lorsque, le ventre plein, je viens ronronner près d'elle et me frotter à ses jambes, junior 1, 2 et 3 sont levés et sont tous à table. Junior2 est déjà habillée, car c'est elle qui part la première, avant le lever du jour (elle a une heure et demie de trajet pour arriver à son institution). Ensuite, Junior1 s'en va, avec Monsieur qui l'accompagne au collège avant d'aller travailler. Madame reste encore une petite heure à la maison avec Junior3 : matinal, il est prêt en même temps que les autres, et comme il ne sait ni jouer, ni s'occuper, il fait passer le temps en sautillant et en criant. Enfin, son taxi arrive. Junior3 n'est pas dans la même institution que Junior2 ; son institution à lui est plus près, mais elle n'est pas spécialisée dans l'autisme. Junior3 attend depuis trois ans une place dans l'institution de sa soeur. Dès que Junior3 est parti, Madame part travailler et la maison est à moi !! Quel calme soudain... Le gant de ménage, doudou de Junior3, gît sans vie là où il l'a laissé ; la pile méticuleuse des Mimi Cracra, obsession de Junior2, redevient une pile de livres comme les autres ; elle n'est plus couvée par les yeux inquiets de son admiratrice. Junior1 et Monsieur ont laissé en cours une partie d'échecs ; ils la reprendront ce soir. Malheur à moi si je m'amuse avec un pion comme avec une souris ! J'ai essayé une fois, on ne m'y reprendra plus. Les échecs, c'est une chose à laquelle on ne touche pas, dans la famille. Le livre de Madame dort, abandonné sur une table... Il ne reprendra vie qu'à son retour, pour le déjeuner : Madame ne travaille qu'à mi-temps. Mais l'après-midi, je suis assez tranquille aussi, car en général elle est en train soit de travailler dans le bureau, soit de courir entre les différents médecins de ses enfants. C'est à partir de 16h30 que tout le monde rentre à la maison. Madame arrive en premier, essoufflée, juste à temps pour recevoir Junior3, à qui elle donne un goûter (et elle me sert, en même temps, une écuelle de lait). Je suis souvent en train de me lécher les babines, pensivement assis devant la fenêtre, quand arrivent, presque en même temps, Junior1 et Junior2. Après s'être rassasiés eux aussi, Junior1 file dans sa chambre faire son travail, et Junior2 gémit parce qu'elle n'arrive pas à dire ce qu'elle veut à sa mère ; mais que souhaite-t-elle faire ? Madame s'énerve, lui demande si elle doit lui installer l'ordinateur, lui mettre de la musique, lui raconter une histoire... Rien de tout cela ne semble satisfaire Junior2, qui s'exaspère de frustration, puis pleure, sous les commentaires incessants de Junior3. La tension monte, Madame enferme sa fille dans sa chambre et claque la porte, se ronge les sangs après en culpabilisant, pendant que Junior3 lui raconte pour la millième fois de la journée que les cactus piquent et que l'horloge montre l'heure. Enfin arrive le branle-bas de combat du dîner des enfants, puis de leur bain (c'est à peu près à cette heure-là que Monsieur rentre à la maison) ; les deux plus jeunes se couchent aussitôt après, pendant que je suis mis dehors pour la nuit. Madame ferme toujours les volets de Junior1 une heure après, et par la fenêtre je le vois, en attendant, jouer aux échecs avec son père, lire un livre ou regarder la télévision, dans le calme de la maison enfin retrouvé. Puis tous les volets se ferment, et je ne sais plus ce qui se passe dans la famille jusqu'au lendemain matin !
Commentaire de Demaho (06/11/2010 01:01) :
Merci Alphonse : tu écris formidablement bien et c'est un vrai bonheur
de te lire : un véritable auteur se cache dans ce petit bout de chat
...C'est génial !!!!
http://mesmotsblog.canalblog.com
|
Commentaire de Alphonse (06/11/2010 20:26) :
C'est très gentil Demaho ! Cependant, je tiens à souligner que je ne
suis pas un petit bout de chat, mais un gros vieux matou. Non mais.
|
| |
|
|
|
|